Inculpé pour 37 chefs d’accusation, l’ancien président américain a comparu mardi devant un tribunal fédéral de Miami dans le dossier des archives dissimulées.
Donald Trump, à la sortie du tribunal fédéral de Miami, où il a plaidé non coupable des 37 chefs d’accusation contre lui pour avoir conservé des documents confidentiels après son départ de la Maison-Blanche.
Donald Trump, poursuivi pour sa gestion négligente de secrets d’État après son départ de la Maison-Blanche, a qualifié mardi 13 juin « d’abus de pouvoir odieux » son inculpation officielle plus tôt devant un tribunal fédéral à Miami. Devant ses partisans réunis à son club de golf dans le New Jersey, il a accusé son successeur démocrate Joe Biden d’être « corrompu » et de s’en prendre à son « principal adversaire politique ».
« C’est de l’ingérence électorale », a lancé le républicain, candidat à la présidentielle de 2024. Quelques heures plus tôt, à Miami, l’ancien président septuagénaire avait plaidé non coupable des charges à son encontre – ouvrant la voie à un procès historique et potentiellement très dommageable pour sa campagne pour la présidentielle américaine de 2024.
Le républicain est accusé d’avoir mis la sécurité des États-Unis en péril en conservant des documents confidentiels, dont des plans militaires ou des informations sur des armes nucléaires, dans des toilettes ou débarras de sa résidence de luxe de Mar-a-Lago, en Floride. Il lui est également reproché d’avoir refusé de restituer ces documents malgré des injonctions judiciaires, ce qui lui vaut d’être inculpé pour « rétention illégale d’informations portant sur la sécurité nationale », mais aussi « entrave à la justice » et « faux témoignage ».
Des documents « secret-défense » à Mar-a-Lago
C’est la première fois qu’un ancien président américain est inculpé au niveau fédéral. Début avril, Donald Trump avait déjà été inculpé pour plusieurs fraudes comptables par la justice de l’État de New York, en lien avec un paiement réalisé avant la présidentielle de 2016 pour faire taire une actrice de films X qui dit avoir été sa maîtresse. Mais ce dossier à Miami paraît plus compromettant.
Aux États-Unis, une loi oblige en effet les présidents à transmettre tous leurs e-mails, lettres et autres documents de travail aux Archives nationales. Une autre, sur l’espionnage, interdit de conserver des secrets d’État dans des lieux non autorisés et non sécurisés.
En janvier 2021, quand il avait quitté la Maison-Blanche pour s’installer dans sa luxueuse résidence Mar-a-Lago, en Floride, Donald Trump avait emporté des dizaines de cartons remplis de dossiers. D’après l’acte d’accusation, ils étaient restés empilés sur la scène d’une « salle de bal », avant d’être transportés dans un « débarras » accessible de la piscine, où certains documents marqués de la mention « secret défense » avaient été vus étalés sur le sol.
Une « chasse aux sorcières » dans la course à la présidentielle
En janvier 2022, après plusieurs relances, il avait accepté de restituer des boîtes contenant près de 200 documents classifiés. Toujours convaincus qu’il en manquait, des agents du FBI avaient effectué une perquisition spectaculaire à Mar-a-Lago le 8 août et avaient saisi une trentaine d’autres boîtes, contenant 11 000 documents.
Le magnat de l’immobilier a toujours qualifié ce dossier de « chasse aux sorcières » visant à entraver sa candidature à la présidentielle. Il a accusé d’ingérence le président Joe Biden, à qui il pourrait être opposé en 2024, « et sa bande de voyous ». Selon l’une de ses avocates, Donald Trump devrait plaider non coupable.
Cette audition, au potentiel politique explosif, suscite des craintes en matière de sécurité de la part des autorités de Miami, après des appels sur les réseaux sociaux à défendre Donald Trump. « Nous prenons cet événement très au sérieux », a souligné le chef de la police de cette ville de Floride, Manuel Morales, lors d’une conférence de presse lundi.
Des soutiens toujours présents
Comme après sa comparution à New York en avril, Donald Trump a donné rendez-vous à ses fidèles dans le New Jersey le soir même, pour une allocution prévue à 20 h 15 (2 h 15 mercredi). Lors de sa dernière inculpation, qui avait fait l’objet d’une attention médiatique vertigineuse, l’ancien occupant de la Maison-Blanche s’était targué d’avoir levé des millions de dollars auprès de ses partisans.
Nombre d’entre eux, persuadés qu’il est victime d’une machination, continuent de lui jurer leur soutien. Visé par plusieurs autres enquêtes, Donald Trump n’en a probablement pas fini avec les problèmes judiciaires. Une procureure de Géorgie doit annoncer d’ici septembre le résultat de son enquête sur les pressions qu’il a exercées pour tenter de changer le résultat de la présidentielle de 2020.
Le procès pénal de l’ancien président à New York devrait, lui, être organisé début 2024, en plein durant les primaires républicaines, dont il est actuellement le grand favori.