La Russie a été contrainte de modifier les commémorations de la victoire contre l’Allemagne nazie en raison des difficultés éprouvées par le pays en Ukraine.
Cette année, la célébration de la victoire sur l’Allemagne nazie a un goût particulier en Russie. Car quinze mois après le début de son offensive en Ukraine, le pays a essuyé de nombreux échecs, que ce soit lors d’offensives ou d’attaques en territoire russe. Le pays apparaît affaibli par les pertes, les revers et les tensions entre l’état-major et les paramilitaires de Wagner. Elle reste enlisée dans son combat pour la prise de la ville de Bakhmout, épicentre des combats de l’Est depuis des mois.
Alors, forcément, cette grand-messe patriotique annuelle, avec son défilé militaire, se déroule sous haute sécurité. D’autant plus que Vladimir Poutine est attendu, lui, le président isolé, honni des Occidentaux et visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale. Devant des milliers de soldats au garde-à-vous sur la place Rouge, il a affirmé appelé « à la victoire », tout en avançant que le monde était « à un tournant », avec cette « guerre » orchestrée contre la Russie.
Et le président de continuer : « L’avenir » de la Russie « dépend » des soldats combattant en Ukraine. « Rien n’est plus important actuellement que votre tâche militaire. La sécurité du pays repose aujourd’hui sur vous, l’avenir de notre État et de notre peuple dépend de vous. »
Pour cette journée, il sera entouré de six dirigeants issus d’ex-républiques soviétiques. Ils assisteront à la parade avant de déposer ensemble des fleurs sur la tombe du Soldat inconnu.
Un mauvais timing pour la Russie
Les commémorations se dérouleront alors qu’une vaste contre-offensive ukrainienne semble de plus en plus imminente, voire est peut-être déjà en cours. L’attaque la plus spectaculaire, même si elle a soulevé beaucoup de questions, a été une frappe de deux drones contre le Kremlin la semaine dernière, que Moscou n’a pas hésité à qualifier de tentative d’assassinat contre Vladimir Poutine. L’Ukraine a démenti tout rôle dans cette opération, laissant entendre qu’il pouvait s’agir d’un mouvement rebelle russe ou d’une provocation du pouvoir.
Il y a eu également des frappes contre des installations énergétiques russes, des sabotages de voies ferrées et de multiples tentatives d’assassinats de personnalités, comme celle qui a blessé samedi l’écrivain nationaliste Zakhar Prilépine.
Des commémorations modifiées
Résultat, des défilés et manifestations prévus dans plusieurs villes et régions russes ont été annulés, notamment dans les régions frontalières de l’Ukraine et en Crimée annexée, les autorités avançant un risque « terroriste ». « Quand on a affaire à un État sponsor du terrorisme, de fait, il est mieux de prendre des mesures préventives », a justifié Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, en référence à l’Ukraine. « Toutes les mesures nécessaires sont prises pour assurer la sécurité » de la parade, a-t-il ajouté.
À Moscou, la grande parade militaire en présence de Vladimir Poutine aura bien lieu, même si la traditionnelle marche du « Régiment des Immortels », qui rassemble des dizaines de milliers de Russes dans les rues de la capitale, a été annulée.
Et le maître du Kremlin a peu de bonnes nouvelles du front. Ses troupes, qui combattent depuis l’été pour Bakhmout, une ville à l’importance stratégique contestée et en grande partie détruite, ne l’ont toujours pas conquise face à une résistance ukrainienne acharnée. Si les forces russes en contrôlent aujourd’hui la majeure partie, cette avancée s’est faite lentement et au prix de lourdes pertes. Et Kiev se prépare depuis des mois à répliquer, forte des cruciales livraisons d’armes occidentales.
Visée par des « missiles de croisière » dans la nuit de lundi à mardi, la capitale ukrainienne a dit avoir abattu une quinzaine de « cibles aériennes ennemies » dans « l’espace aérien autour » de la capitale. « Selon des informations préliminaires, il n’y a pas eu de victimes ni de dégâts importants dus à la chute de débris », a rapporté l’administration militaire locale sur Telegram.
Des sirènes d’alerte ont également été déclenchées dans plusieurs régions ukrainiennes.
Pour ses commémorations, l’Ukraine change de date
L’Ukraine a renoncé cette année à toute commémoration de la victoire sur l’Allemagne nazie le 9 mai, comme c’était la tradition soviétique. Désormais, elle la célèbre le 8 mai avec « le monde libre ». Le 9, l’Ukraine célébrera la journée de l’Europe, comme le reste de l’Union européenne, qu’elle aspire à intégrer.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen est d’ailleurs attendue mardi à Kiev pour réaffirmer « le soutien sans faille de l’UE à l’Ukraine ».
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a, lui, promis à la Russie la « même » défaite que celle du régime d’Adolf Hitler à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.