Le Néerlandais a triomphé des pavés en devançant deux Belges, Jasper Philipsen et Wout van Aert, ce dernier ayant crevé au plus mauvais moment.
Le Neerlandais Mathieu Van Der Poel celebre sa premiere victoire sur le Paris-Roubaix.
Le Néerlandais Mathieu Van Der Poel célèbre sa première victoire sur le Paris-Roubaix.
La 120ème édition de Paris-Roubaix a été remportée par le Néerlandais Mathieu van der Poel, au terme d’une bataille avec son principal rival sur le papier, le Belge Wout Van Aert. A peine entamé, le duel tant attendu entre les deux rivaux éternels a été brutalement avorté lorsque le Belge, qui venait de passer à l’attaque dans le Carrefour de l’Arbre à 16 kilomètres de l’arrivée, a été victime d’une crevaison de la roue arrière qui a déchiré tous ses rêves de gloire.
Van der Poel, déchaîné depuis le début de la journée et qui venait d’envoyer involontairement l’Allemand John Degenkolb dans le fossé, a aussitôt sauté sur l’occasion pour s’envoler vers la victoire. Sa première dans l’Enfer du Nord, qu’il a pu longuement savourer sur le vélodrome de Roubaix, à l’issue de l’édition la plus rapide de l’histoire (46,841 km/h), disputée sous un soleil printanier.
« C’est la vie »
« C’est extraordinaire, surtout de rentrer seul sur la piste. On fait premier et deuxième avec Jasper. On va vraiment le fêter ce soir car ça n’arrivera peut-être plus jamais », a commenté le petit-fils de Raymond Poulidor qui s’est imposé, sous les yeux de sa mère Corinne Poulidor, avec 46 secondes d’avance sur Jasper Philipsen, son équipier chez Alpecin, et Wout Van Aert.
« Lorsque Wout a attaqué, il fallait que je rebouche le trou. Et tout à coup je me suis retrouvé seul. En le dépassant j’ai vu qu’il avait un problème. Ce n’est pas de chance. Sinon, on serait peut-être allés à deux jusqu’à l’arrivée », a ajouté le Néerlandais.
Van Aert avait, lui, du mal à encaisser le coup, à l’image de son équipe Jumbo-Visma, maudite avec l’abandon de Dylan van Baarle suite à une chute dans la trouée d’Arenberg et les multiples crevaisons de Christophe Laporte, dixième et meilleur Français à l’arrivée, à plus de quatre minutes, malgré les coups du sort. « Je suis malchanceux au mauvais moment, a commenté le Flamand. Je me sentais bien pendant toute la course. Autrement, il y avait une grande chance qu’on arrive tous les deux sur le vélodrome avec Mathieu. C’est dommage, mais c’est la vie. »
De fait, les deux rivaux étaient les plus forts dans l’échappée royale de sept coureurs, comprenant également Mads Pedersen, Stefan Küng et Filippo Ganna, qui s’était détachée progressivement, après que Van Aert a fait exploser le peloton à 102 km de l’arrivée, dans le secteur de Haveluy. « C’est triste que Wout crève car sinon on aurait vu un match entre les deux aujourd’hui », a souligné Stefan Küng, cinquième sur la ligne.
« La meilleure saison de classiques de ma carrière »
Pour Van Aert, abonné aux places d’honneur, son histoire avec les monuments, les cinq plus grandes classiques du calendrier, commence à tourner à la malédiction. A 28 ans, le Belge, qui était destiné à en remporter un paquet, n’en compte toujours qu’un seul à son palmarès et il commence à dater, à Milan-San Remo en 2020.
Et la comparaison avec Van der Poel devient de plus en plus cruelle après un printemps magique pour le Néerlandais, vainqueur à San Remo en mars, deuxième sur le Tour des Flandres dimanche dernier et roi des pavés à Roubaix. « Je réalise la meilleure saison de classiques de ma carrière. Aujourd’hui encore je me sentais super fort. C’est un rêve », a souligné Van der Poel qui compte désormais quatre monuments à son actif (Tour des Flandres 2020 et 2022, Milan-San Remo 2023, Paris-Roubaix 2023), autant que Tadej Pogacar, absent dimanche.
La victoire de Van der Poel, à l’issue d’une course disputée à fond, confirme aussi la mainmise des superstars d’un sport qui vit un âge d’or avec des champions comme lui, Van Aert, Pogacar, Remco Evenepoel, Jonas Vingegaard et Primoz Roglic. Pour les deux principaux animateurs de la « Reine des classiques », il est désormais temps de prendre un peu de repos. Sur le prochain monument, Liège-Bastogne-Liège le 23 avril, on attend un autre duel qui fait saliver d’avance: Pogacar contre Evenepoel.