L’ancien président républicain se voit reprocher d’avoir conservé des secrets nucléaires après son départ de la Maison-Blanche.
Le président américain est accusé d’avoir mis en danger la sécurité nationale.
Donald Trump a-t-il mis en danger la « sécurité nationale » des États-Unis ? Un acte d’accusation historique rendu public ce vendredi 9 juin accuse clairement l’ancien président américain d’avoir conservé des secrets nucléaires après son départ de la Maison-Blanche, en janvier 2021. Le républicain se voit visé par 37 chefs d’inculpation, dont la « rétention illégale d’informations portant sur la sécurité nationale » et l’« entrave à la justice », d’après ce document.
Il est également accusé de faux témoignages et d’avoir conspiré avec son assistant personnel, Walt Nauta, lui aussi poursuivi, pour dissimuler des documents réclamés par le FBI, la police fédérale. Donald Trump avait annoncé jeudi qu’il avait été inculpé par la justice fédérale pour sa gestion des archives de la Maison-Blanche, une première pour un ancien président, et qu’il était convoqué mardi devant un tribunal de Miami.
Une machination, selon Trump
« Je suis innocent », avait-il clamé, se présentant comme victime d’une machination orchestrée par ses adversaires démocrates. La nature des poursuites avait été décrite par son avocat, mais le dossier judiciaire était resté sous scellés, le ministère de la Justice observant un silence absolu. Le président démocrate Joe Biden, lui aussi en lice pour le scrutin de 2024, a pris soin d’assurer vendredi qu’il n’était pas en contact avec le ministre de la Justice Merrick Garland dans ce dossier très sensible.
« Je ne lui ai pas parlé du tout et je ne lui parlerai pas. Et je n’ai pas de commentaire là-dessus », a-t-il répondu à un journaliste.
Aux États-Unis, une loi oblige les présidents à transmettre tous leurs e-mails, lettres et autres documents de travail aux archives nationales. Une autre loi sur l’espionnage interdit de conserver des secrets d’État dans des lieux non autorisés et non sécurisés.
Des dossiers restitués un an plus tard
En janvier 2021, lorsqu’il avait quitté la Maison-Blanche pour s’installer dans sa luxueuse résidence de Mar-a-Lago, en Floride, Donald Trump avait pourtant emporté des dizaines de cartons remplis de dossiers. Un an plus tard, après plusieurs relances, il avait accepté de restituer 15 boîtes contenant près de 200 documents classifiés.
La police fédérale avait cependant estimé qu’il n’avait pas tout rendu et en conservait encore beaucoup dans son club de Palm Beach. Des agents du FBI y avaient effectué une perquisition spectaculaire le 8 août et avaient saisi une trentaine d’autres boîtes, contenant 11 000 documents. Selon l’acte d’accusation, des documents classifiés ont été retrouvés « dans une salle de bal », mais aussi « dans une salle de bains, dans la douche », ou encore « dans un bureau » ou « une chambre ».
Ils « incluaient des informations sur les capacités de défense des États-Unis et de pays étrangers », « sur les programmes nucléaires » américains et « sur les vulnérabilités potentielles en cas d’attaque contre les États-Unis et leurs alliés ».
Leur potentielle « diffusion aurait mis en danger la sécurité nationale des États-Unis, leurs relations internationales », ajoute le procureur spécial Jack Smith, nommé en novembre dernier pour superviser l’enquête de manière indépendante.
Pour l’instant, les républicains serrent les rangs autour de Donald Trump, y compris ses rivaux à l’investiture du parti pour la présidentielle, qu’il devance largement.