Le chef de l’État se rend dans un lycée professionnel à Saintes, en Charente-Maritime, où il présentera sa réforme. La contestation promet de nouveau de se faire entendre sur les retraites.
Faire de la voie professionnelle «une voie d’excellence». Emmanuel Macron présente la réforme du lycée professionnel ce jeudi lors d’un déplacement en Charente-Maritime où la contestation promet de nouveau de se faire entendre sur les retraites. Le chef de l’Etat, qui poursuit ses visites de terrain au rythme d’une à deux sorties par semaine depuis la promulgation de la réforme des retraites, est attendu vers 11h45 au lycée technologique et professionnel Bernard Palissy à Saintes. Il sera accompagné des ministres de l’Education nationale Pap Ndiaye, du Travail Olivier Dussopt, en première ligne sur les retraites, et de l’Enseignement professionnel Carole Grandjean.
Comme à chaque déplacement, les opposants à la réforme des retraites devraient l’attendre dans un concert de casseroles et sifflets. «On va l’accueillir comme il se doit», promet la secrétaire de l’Union départementale CGT, Yvonne Gaborit. L’intersyndicale de l’éducation appelle à manifester dès 09h00 devant l’établissement pour réclamer des hausses de salaires et le retrait de la réforme des lycées professionnels, tout comme celle des retraites. Des enseignants vont aussi «se mettre en grève» et certains pourraient boycotter une table ronde avec Pap Ndiaye, avertit la secrétaire départementale du SNES-FSU 17, Sylvie Laulan.
Le 20 avril, la CGT avait aussi coupé le courant lors d’une visite du président dans un collège de l’Hérault. Mais des groupes électrogènes sont depuis installés pour parer à toute éventualité.
Déterminé à reprendre la main et à tourner la page de la crise des retraites avec des sujets proches des préoccupations des Français, Emmanuel Macron s’attaque cette fois à la réforme du lycée professionnel qu’il avait annoncée lors de la campagne de 2022 et entend «accélérer» avec un projet de loi d’ici à l’été. Il s’agit de renforcer l’attrait pour ces filières, en donnant accès à des formations plus qualifiantes, d’améliorer l’insertion professionnelle des jeunes et de lutter contre le décrochage scolaire.
«Le but, c’est que chacun puisse trouver un bon métier, un métier avec un bon salaire, et qui a du sens», souligne Emmanuel Macron dans une tribune publiée mercredi soir sur Facebook et LinkedIn, en promettant d’investir «près d’un milliard par an» pour les lycées professionnels. Un tiers des lycéens, soit environ 621.000 élèves, sont scolarisés en lycée professionnel, un public souvent «fragile, jeune et hétérogène», relève une conseillère présidentielle. Seul un bachelier professionnel sur deux et un quart des élèves titulaires d’un CAP parviennent à s’insérer dans l’emploi dans l’année suivant l’obtention de leur diplôme. Et parmi ceux qui poursuivent en BTS, un trop grand nombre décroche dès la première année, souligne l’Elysée.
Pour augmenter l’attractivité de ces filières techniques, les lycéens stagiaires vont être rémunérés par l’État dès la rentrée prochaine, esquisse l’Elysée. Ils ne l’étaient pas du tout jusqu’ici.
Étape surprise ?
Le gouvernement souhaite aussi augmenter la durée des stages. Les syndicats s’opposent toutefois à cette mesure qui réduirait le temps d’enseignement général. La fermeture de filières qui n’offrent plus de débouchés aux élèves ou encore le renforcement du lien entre les écoles et les entreprises est également sur la table.
Les syndicats de l’enseignement professionnel voient dans cette réforme «une menace forte pour l’avenir des lycées professionnels» et un «projet de désorganisation de la voie professionnelle scolaire». Le gouvernement cite en exemple la réforme de l’apprentissage, qui repose sur l’alternance entre enseignement théorique et contrat chez un employeur. Cette voie connaît depuis un franc succès avec de vrais débouchés en termes d’emploi.
Après ses annonces, Emmanuel Macron déjeunera avec des lycéens. Il pourrait aussi être de nouveau tenté de faire une étape surprise durant son déplacement afin de montrer qu’il peut échanger avec les Français malgré la vive hostilité sur les retraites. Rien n’est prévu à ce stade, indique seulement l’Elysée.
Le 27 avril, alors que des manifestants contre la retraite à 64 ans l’attendaient à l’endroit où il devait prononcer un discours sur l’abolition de l’esclavage, il s’est ainsi présenté à 100 kilomètres de là au marché de Dole (Jura) où il a discuté avec commerçants, clients et passants.