Un an après le fiasco de la finale de la Ligue des champions, et dans un climat social tendu, le dispositif policier a été renforcé en marge de la rencontre prévue entre Nantes et Toulouse samedi soir.
Interdiction de rassemblement, remise de trophée en tribune et non sur le terrain, crainte d’affrontements entre groupes d’ultras… la finale de la Coupe de France, qui se joue samedi 29 avril au Stade de France (Seine-Saint-Denis) entre le FC Nantes, tenant du titre, et le Toulouse FC, est déjà sous haute tension.
Match retardé, violences, intrusions, supporteurs refoulés à coups de gaz lacrymogènes… La dernière fois que l’enceinte dionysienne a été le théâtre de la finale d’une compétition de football, celle de la Ligue des champions, le 28 mai 2022, la soirée avait tourné au fiasco.
Quelque 3 000 policiers et gendarmes seront mobilisés samedi aux abords du Stade de France. Un dispositif qui sera « 50 % plus important » que celui de l’an dernier pour la finale de la plus prestigieuse des compétitions européennes, entre les Anglais de Liverpool et les Espagnols du Real Madrid, fait-on savoir dans l’entourage du ministre de l’intérieur. Il convient de rappeler que ce n’est pas le nombre de policiers ou de gendarmes qui avait manqué lors de la Ligue des champions 2022. Ni un nombre important de spectateurs sans billets, comme l’avait affirmé à tort le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin. Ce soir-là, l’adaptation et l’organisation des dispositifs d’accueil et de sécurité avaient fait défaut, occasionnant notamment un goulot d’étranglement pour des milliers de supporteurs, qui s’étaient dirigés vers le stade depuis la gare du RER D.
Par crainte de débordements, la Préfecture de police de Paris a interdit le rassemblement prévu par des syndicats aux abords du stade, alors qu’Emmanuel Macron doit assister au match, a appris l’Agence France-Presse (AFP), vendredi, de source policière. Plusieurs motifs ont été invoqués : non-respect des délais pour déclarer un rassemblement (trois jours francs), possible perturbation d’une manifestation sportive avec l’annonce sur les réseaux sociaux d’une distribution de sifflets (interdits dans les enceintes sportives).
« Nous n’organisons pas une manifestation, nous ne faisons que du tractage », a déclaré le secrétaire départemental de la CGT, Kamel Brahmi, à l’initiative de la distribution de cartons rouges et de sifflets aux spectateurs, prévue à la sortie du métro et du RER. L’intersyndicale de Seine-Saint-Denis avait décidé de cette action pour protester contre l’adoption de la très controversée réforme des retraites.
Selon l’entourage du ministre de l’intérieur, contrairement à l’an passé, avant la finale remportée (1-0) par Nantes face à Nice et comme il est de coutume, le président de la République ne devrait pas descendre sur la pelouse pour saluer les joueurs. Le préfet a quant à lui précisé vendredi soir avoir lui-même « imposé » que la coupe soit remise « dans la tribune », en raison notamment du risque d’envahissement du terrain.
Une rivalité entre groupes d’ultras
Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, avait regretté vendredi l’accueil houleux promis par les syndicats au chef de l’Etat. Cette finale, « ce n’est pas les jeux du cirque à la romaine, ce n’est pas la CGT avec son pouce impérial qui pourrait décider à qui de faire huer le président de la République, à qui de couper l’électricité pendant un match », a-t-il déclaré sur BFM-TV et RMC. Jeudi, une coupure de courant volontaire, revendiquée par la CGT, a plongé dans le noir et interrompu pendant une demi-heure le match de Pro D2 entre Agen et Nevers.
Selon L’Equipe, qui a assisté mercredi à une réunion dans le bureau de M. Darmanin, cette finale inquiète les autorités, qui redoutent des débordements et des bagarres. En cause : l’antagonisme entre certaines franges d’ultras – ces fans parties prenantes du spectacle avec des chants et des animations visuelles dans le stade – des deux clubs.
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Environ 20 000 supporteurs de chaque équipe sont attendus dans les virages du stade, qui compte environ 80 000 places. La plupart d’entre eux viendront à Paris en car. Les Toulousains devront ensuite rejoindre l’enceinte en train via le RER D ; les Nantais par le B.
L’objectif est d’éviter que les supporteurs les plus radicaux se croisent. Dès le samedi matin, informe L’Equipe, la Brigade Loire – le groupe d’ultras nantais – sera ainsi prise en charge par la gendarmerie au péage de Saint-Arnoult (Yvelines), tandis que les Indians Tolosa – le groupe d’ultras toulousains – le seront un peu en amont sur une aire d’autoroute ; les uns et les autres seront plus tard regroupés dans un espace différent de Saint-Denis.