La capitale ukrainienne a essuyé plusieurs tirs de missiles jeudi, à l’aube. D’autres régions du pays ont également subi des attaques.
Plusieurs explosions ont retenti jeudi 18 mai à l’aube à Kiev et dans d’autres régions d’Ukraine, où la population a été priée de rester dans les abris, selon les autorités militaires. Ces nouvelles attaques aériennes « sans précédent par leur puissance, leur intensité et leur variété », indique l’administration civile et militaire de la capitale, interviennent au moment où un émissaire chinois se trouve dans la capitale pour tenter d’obtenir un « règlement politique » du conflit. Il s’agit de la neuvième attaque aérienne sur la capitale depuis début mai.
Selon elle, des missiles de croisière ont été lancés par des bombardiers stratégiques russes venus de la région de la mer Caspienne, et des drones de reconnaissance ont ensuite survolé la capitale. « Toutes les cibles ennemies dans l’espace aérien de Kiev ont été détectées et détruites », a-t-elle affirmé.
Alerte aérienne dans tout le pays
« Des chutes de débris ont été enregistrées dans le district de Darnytskyi de la capitale », a écrit sur Telegram Serhiï Popko, chef de l’administration civile et militaire de Kiev, précisant que la défense antiaérienne « fonctionne ». Un incendie, qui n’a fait aucun blessé, s’est déclaré dans une entreprise du district de Darnytskyi à la suite de la chute de débris, et une explosion a été enregistrée dans le district de Desnyansky, a indiqué pour sa part le maire de la capitale, Vitali Klitschko. « L’attaque sur la capitale continue. Ne quittez pas les abris pendant l’alerte aérienne ! » a-t-il imploré sur Telegram.
En revanche, une personne a été tuée et deux autres blessées dans le port d’Odessa, sur la mer Noire, lors d’une attaque contre un site industriel, selon l’administration militaire régionale.
L’armée a également fait état d’attaques de « missiles de croisière » dans la région de Vinnytsia, dans le centre du pays, et une alerte aérienne est en vigueur dans toute l’Ukraine. Les médias locaux ont également rapporté des explosions à Khmelnytskyi, à une centaine de kilomètres plus à l’ouest.
Sur son compte Telegram, le ministère de la Défense russe a affirmé que « l’objectif des frappes a été atteint. Toutes les cibles fixées ont été détruites ». Dans le détail des « stocks significatifs d’armements et de munitions » ukrainiens ont été anéantis et des déplacements de troupes ukrainiennes ont été « enrayés ».
Une rencontre sino-ukrainienne ?
Ces nouvelles attaques se produisent pendant la visite à Kiev de Li Hui, un haut responsable chinois, représentant spécial pour les affaires eurasiatiques et ancien ambassadeur à Moscou. Il a rencontré, mercredi, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba, lequel a « expliqué en détail au représentant spécial chinois les principes du rétablissement d’une paix durable et juste, fondée sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine », a indiqué le ministère ukrainien des Affaires étrangères.
« Il a souligné que l’Ukraine n’acceptait aucune proposition qui impliquerait la perte de ses territoires ou le gel du conflit », a-t-il ajouté. Kiev craint d’être poussé, à terme, à accepter un compromis avec Moscou, et exige un retour de tous les territoires occupés par la Russie, dont la Crimée annexée en 2014.
Une rencontre entre Li Hui et le président Volodymyr Zelensky est « possible », a indiqué mercredi un haut responsable ukrainien sous le couvert de l’anonymat. Cet échange serait une première entre le chef d’État ukrainien, qui encourage Pékin à faire pression sur le président russe Vladimir Poutine, et un haut responsable chinois.
La Chine, proche partenaire de Moscou, n’a jamais condamné publiquement l’invasion russe. Et lors d’une visite à Moscou en mars, le président Xi Jinping a apporté un soutien symbolique marqué à Vladimir Poutine. Pékin a proposé en février un plan en 12 points pour mettre fin à la guerre, vu avec scepticisme par les Occidentaux.
La visite à Kiev de Li Hui, qui doit aussi se rendre en Pologne, en France, en Allemagne et en Russie, intervient juste après une tournée européenne de Volodymyr Zelensky, lors de laquelle il a reçu la promesse de nouvelles livraisons d’armes nécessaires pour lancer une grande contre-offensive. Il a été entendu sur plusieurs points (missiles antiaériens, drones d’attaque, blindés…) et a progressé vers la livraison d’avions de combat occidentaux, que les Européens sont réticents à fournir.
Les États-Unis ont par ailleurs confirmé mercredi qu’un système Patriot avait été endommagé par un projectile non identifié, mais restait opérationnel. Mardi, l’armée russe avait assuré avoir détruit une batterie Patriot avec une « frappe de haute précision » effectuée « par un missile hypersonique “Kinjal” ».