Le président ukrainie s’entretiendra avec le chef de l’État allemand concernant la livraison de nouvelles armes d’une valeur de 2,7 milliards d’euros annoncée par l’Allemagne.
Après un passage en Italie, Volodymyr Zelensky est en visite à Berlin. Le président ukrainien est arrivé en Allemagne dans la nuit de samedi à dimanche. Il a été accueilli en début de matinée par le chef de l’État du pays. Ils s’entretiendront notamment sur la livraison de nouvelles armes d’une valeur de 2,7 milliards d’euros annoncée par l’Allemagne.
Volodymyr Zelensky rencontre le président Franz-Walter Steinmeier dans sa résidence du château de Bellevue, au cœur de la capitale, où un convoi motorisé l’a déposé vers 8 h 45 tandis que des hélicoptères patrouillaient dans le ciel.
Il a salué dimanche le soutien apporté à Kiev par l’Allemagne, qu’il a qualifiée de « véritable amie » et d’« alliée fiable ». « Dans la période la plus difficile de l’histoire moderne de l’Ukraine, l’Allemagne s’est révélée être notre véritable amie et notre alliée fiable, qui se tient résolument aux côtés du peuple ukrainien dans la lutte pour la défense de la liberté et des valeurs démocratiques », a-t-il écrit dans le livre d’or de la présidence allemande, selon le message consulté par l’AFP.
La création d’une coalition d’avions de combat
Il a également appelé dimanche le chancelier Olaf Scholz à soutenir les efforts de plusieurs alliés de Kiev pour livrer des avions de combat afin de repousser l’invasion russe. « Nous travaillons actuellement à la création d’une coalition d’avions de combat, a indiqué Volodymyr Zelensky. Je demanderai également à l’Allemagne de soutenir l’Ukraine dans cette coalition », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse commune avec le chancelier allemand qui refuse jusqu’ici de livrer directement des avions à l’Ukraine.
De son côté, le chancelier Olaf Scholz a assuré que l’Allemagne « soutiendra l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire » ajoutant que le soutien de Berlin à Kiev, armement compris, s’élevait jusqu’ici à 17 milliards d’euros.
Après Rome et le Vatican la veille, c’est le premier déplacement du président ukrainien en Allemagne depuis le début du conflit. Volodymyr Zelensky est arrivé tard samedi soir, soulignant sur Twitter que sa visite serait consacrée à « un paquet très important » de livraisons d’armes à son pays ainsi qu’à la « reconstruction » de l’Ukraine.
Ce déplacement intervient en pleins préparatifs en vue d’une offensive de printemps par l’armée ukrainienne, alors que Kiev et Moscou revendiquent tous deux des succès dans et autour de Bakhmout, dans la région du Donbass (est).
Les détails de la visite à Berlin ne sont pas officiels pour des raisons de sécurité. Mais selon des médias allemands, Volodymyr Zelensky doit également s’entretenir avec le chancelier Olaf Scholz.
Prix européen
Zelensky devrait aussi, selon le quotidien Bild, se rendre dans l’après-midi à Aix-la-Chapelle à bord d’un Airbus gouvernemental allemand, protégé par des chasseurs de la Luftwaffe, pour se voir décerner le prix Charlemagne. Une distinction récompensant un engagement en faveur de l’unification européenne.
« Pour la première fois dans sa longue histoire, le prix Charlemagne reconnaît avec cette récompense que la liberté et les principes fondamentaux de l’Europe doivent, si nécessaire, être défendus par la force », a souligné cette semaine le directeur du comité organisant le prix, Jürgen Linden, dans le quotidien allemand Tagesspiegel.
Volodymyr Zelensky tente actuellement de mobiliser ses soutiens en Europe au moment où son armée prépare une contre-offensive dans l’est du pays face aux forces russes, annoncée depuis déjà plusieurs semaines.
À l’occasion de sa venue, le gouvernement allemand a annoncé samedi préparer un nouveau plan d’aide militaire à l’Ukraine de 2,7 milliards d’euros.
« L’Allemagne apportera toute l’aide qu’elle pourra, aussi longtemps que nécessaire », a assuré le ministre de la Défense, Boris Pistorius.
Les livraisons incluent notamment des dizaines de chars, blindés, drones de surveillance et quatre nouveaux systèmes de défense antiaériens Iris-T.
Un conseiller présidentiel ukrainien s’est félicité de ce soutien. Toutefois, le vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrij Melnyk, a estimé qu’il n’allait pas assez loin.
« Il est dommage que la plupart des systèmes de défense promis soient anciens […] Il est décevant aussi de voir que le gouvernement allemand continue de refuser […] la livraison d’avions de combat, ce tabou doit être urgemment brisé », a regretté l’ancien ambassadeur ukrainien en Allemagne, sur la chaîne de télévision Welt TV.
Le Royaume-Uni vient, lui, d’annoncer la fourniture à l’Ukraine de missiles de croisière Storm Shadow, devenant le premier pays à lui livrer ce type d’armement de longue portée, qui peut frapper à 250 kilomètres.
Les relations entre Kiev et Berlin à propos de l’aide militaire ont longtemps été tendues, l’Allemagne se voyant reprocher d’être trop timorée. Mais elle a accéléré son soutien ces derniers mois.
Des avancées à Bakhmout
Jeudi sur la BBC, Zelensky avait expliqué avoir « encore besoin d’un peu de temps supplémentaire » pour l’offensive de printemps, afin d’éviter de trop lourdes pertes et de parvenir à enfoncer les lignes russes.
Il s’agit pour Kiev de tenter de reprendre du terrain dans les régions de Donetsk et de Lougansk (est) ainsi que de Kherson et de Zaporijia (sud) dont Moscou a revendiqué l’annexion.
Au Vatican samedi, le chef de l’État ukrainien a rencontré le pape François et l’a remercié pour « l’attention qu’il porte » à la « tragédie de millions d’Ukrainiens ».
Il s’est aussi entretenu avec la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, qui l’a assuré de son « soutien plein et total pour faciliter l’intégration progressive de Kiev dans l’Union européenne ».
Sur le terrain, l’armée ukrainienne a affirmé samedi « avancer » autour de Bakhmout, épicentre des combats avec les troupes russes dans l’est de l’Ukraine, tandis que Moscou assurait continuer sa progression dans la ville déjà majoritairement sous son contrôle et aujourd’hui largement ravagée.
Selon une source judiciaire ukrainienne, une frappe russe près de Bakhmout samedi a fait deux morts et dix blessés, dont des enfants.
La bataille pour Bakhmout est la plus sanglante et la plus longue depuis le début de l’invasion russe le 24 février 2022.