La manière dont le gouvernement a fait adopter la réforme des retraites « renforcera probablement les forces radicales et anti-establishment », justifie l’agence.
Le couperet est tombé. Vendredi 28 avril, l’agence de notation Fitch a abaissé la note de la France concernant sa dette et son déficit. L’agence évoque des perspectives de croissance moins élevées qu’anticipées. « L’impasse politique et les mouvements sociaux (parfois violents) constituent un risque pour le programme de réformes d’Emmanuel Macron et pourraient créer des pressions en faveur d’une politique budgétaire plus expansionniste ou d’un renversement des réformes précédentes », écrit l’agence de notation dans un communiqué.
Le gouvernement a eu recours à l’article 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites, se passant d’un vote au Parlement, ce qui a entraîné un net durcissement de la contestation sociale.
« Cette décision a donné lieu à des manifestations et à des grèves dans tout le pays et renforcera probablement les forces radicales et anti-establishment », écrit également l’agence de notation qui notait jusqu’à présent la France « AA » avec perspective négative, soit le risque d’un abaissement. La nouvelle note est donc « AA – » , avec perspective stable désormais. Fitch est la première des trois principales agences de notation à rétrograder la note française depuis l’adoption de la réforme des retraites.
Une « appréciation pessimiste », selon Bruno Le Maire
Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a regretté, dans un communiqué, l’« appréciation pessimiste » de Fitch estimant que l’agence de notation « sous-évalue les conséquences des réformes », notamment celles des retraites.
Dans ses conclusions, Fitch évoque « des déficits budgétaires importants et des progrès modestes » concernant leur réduction. Après avoir atteint 4,7 % en 2022, le déficit public français devrait légèrement remonter cette année à 4,9 % avant de refluer progressivement à partir de 2024, anticipe le gouvernement dans son programme de stabilité publié ces derniers jours, qui table sur un retour dans les clous budgétaires européens en 2027. Fitch anticipe pour sa part 5 % de déficit cette année.
Le désendettement devrait quant à lui connaître un coup d’accélérateur d’après le gouvernement, avec une dette représentant 108,3 % du PIB en 2027, soit 4 points de moins qu’envisagé précédemment mais toujours très loin de l’objectif européen de 60 %. Elle était à 111,6 % du PIB fin 2022.