Israël a mené depuis lundi sa plus importante opération militaire en Cisjordanie depuis plusieurs années. Douze Palestiniens et un soldat israélien y ont été tués.
Alors que l’armée israélienne commençait à se retirer de Jénine, en Cisjordanie, ses troupes ont essuyé des tirs de roquettes provenant de la bande de Gaza mercredi. « En réponse », l’armée israélienne a mené des frappes aériennes sur Gaza alors qu’elle arrivait au terme d’une opération d’envergure de deux jours dans la région. Cette opération est « officiellement terminée », a annoncé mercredi l’armée israélienne.
« L’opération est officiellement terminée et les soldats ont quitté la région de Jénine », a déclaré à l’Agence France-Presse une porte-parole de l’armée. Douze Palestiniens et un soldat israélien ont été tués au cours de l’assaut du camp de réfugiés de Jénine, lancé tôt lundi par Israël. Israël a mené depuis lundi sa plus importante opération militaire en Cisjordanie depuis plusieurs années.
Elle a mobilisé des centaines de soldats, ainsi que des drones et des bulldozers de l’armée qui ont dévasté des rues. Les troupes israéliennes ont commencé mardi soir à se retirer de Jénine, a annoncé à l’AFP une porte-parole de l’armée.
« Les troupes israéliennes ont entamé le retrait de Jénine », a dit cette porte-parole, sans donner plus de détails. Les télévisions israéliennes montraient des images de véhicules militaires quittant la zone et pénétrant en territoire israélien.
Opération dans un camp de réfugiés
Cinq roquettes ont été tirées sur Israël depuis la bande de Gaza et ont été interceptées, a expliqué l’armée israélienne mercredi. Aucune revendication palestinienne n’avait été rapportée dans l’immédiat.
Tirs auxquels Israël a « répondu » en frappant Gaza, une source sécuritaire palestinienne indiquant qu’un site militaire du mouvement islamiste Hamas dans le nord de la bande avait été touché, sans faire de blessés.
Dans la journée de mardi, un attentat à la voiture bélier a fait sept blessés à Tel-Aviv, une attaque saluée par le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, parlant « d’une première réponse aux crimes contre notre peuple dans le camp de Jénine ».
Sur les lieux de l’attaque, le chef de la police, Yaakov Shabtai, a déclaré que le « terroriste » était un habitant de Cisjordanie qui a été abattu par un passant.
À Jénine, survolée par des drones, les magasins sont restés fermés mardi, a rapporté un correspondant de l’AFP, au deuxième jour d’une opération ayant mobilisé des centaines de soldats israéliens dans cette ville et le camp de réfugiés adjacent.
Les rues quasi désertes sont jonchées de débris et de pierres, le bitume est éventré et la chaussée est noircie autour de barricades improvisées. « Le camp de réfugiés est confronté à une situation désastreuse », a affirmé à l’AFP le maire de Jénine, Nidal Abu Saleh, qui a évoqué des coupures d’électricité et d’eau sur place.
La ministre palestinienne de la Santé, Mai al-Kaila, a qualifié mardi soir lors d’une conférence de presse l’opération israélienne « d’agression qui défie les lois internationales ».
« Guerre ouverte »
L’armée avait annoncé avoir frappé « un centre d’opérations conjointes » d’un groupe armé local, la Brigade de Jénine et plusieurs cibles dont six « ateliers de fabrication d’explosifs ».
« Nous agirons aussi longtemps que nécessaire pour éradiquer le terrorisme », a affirmé le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, lors d’une visite mardi dans une base militaire proche de Jénine.
« Nous ne permettrons pas à Jénine de redevenir un refuge pour le terrorisme », a-t-il ajouté. Selon le ministère palestinien de la Santé, douze Palestiniens ont été tués et cent blessés, dont vingt sont dans un état grave, durant cette opération.
La ville de Jénine et le camp de réfugiés, bastion de groupes armés palestiniens, ont été visés à plusieurs reprises par des opérations israéliennes. Le nord de la Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, a connu une récente vague d’attaques contre des Israéliens ainsi que des violences antipalestiniennes de la part de colons juifs.
Les combats ont provoqué l’exode lundi soir d’« environ 3 000 » habitants du camp, où vivent quelque 18 000 Palestiniens, selon le gouverneur adjoint de Jénine, Kamal Abou al-Roub.
« Pire raid depuis cinq ans »
« Nous avons reçu beaucoup de blessés », notamment « par balle », a affirmé Qassem Benighader, un infirmier de 35 ans à l’hôpital de Jénine : « C’est le pire raid depuis cinq ans. »
Selon un médecin à l’hôpital Ibn Sina de Jénine, des blessés sont morts faute d’avoir été pris en charge à temps.
« Certains sont morts, d’autres ont vu leur état s’aggraver », a témoigné mardi le docteur Tawfeek al-Shobaki, ajoutant que les destructions commises par les forces israéliennes autour du camp rendaient plus difficile la circulation des véhicules.
« Toutes les options sont sur la table pour frapper l’ennemi », a prévenu le djihad islamique palestinien. Le chef du Hamas, Ismaël Haniyeh, a dénoncé une opération israélienne « brutale ».
La Ligue arabe a annoncé une réunion d’urgence mardi tandis que la Jordanie et les Émirats arabes unis, des pays arabes entretenant des liens diplomatiques avec Israël, ont dénoncé l’opération.
Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a dénoncé mardi les violences en Israël et en Cisjordanie occupée qui « doivent cesser ».
Israël a « le droit de se défendre » mais doit respecter la « proportionnalité du droit international », a estimé mardi le ministère allemand des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a appelé l’armée israélienne « à faire preuve de retenue dans son opération et toutes les parties à éviter une escalade ».