Après plusieurs jours d’émeutes à la suite de la mort de Nahel, Emmanuel Macron a confié vouloir continuer à travailler pour répondre aux difficultés des quartiers.
Plus qu’un simple fait divers, la mort de Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle routier, est devenue un fait social et politique. Pendant plusieurs jours, de nombreux quartiers, partout en France, se sont embrasés. Face à cette montée de la violence, qui s’est peu à peu estompée, Emmanuel Macron s’est exprimé lors d’un déplacement à Pau ce jeudi 6 juillet. Le président de la République a annoncé vouloir continuer à travailler sur les demandes des quartiers, tout en assurant que « la première réponse, c’est l’ordre et le calme, la concorde ».
« On est revenu à peu près à une situation normale », s’est réjouie de son côté la Première ministre, en visite à Lisieux (Calvados), dans un quartier victime de dégradations et de pillages. « On a besoin de comprendre, de prendre le temps du diagnostic », a ajouté Élisabeth Borne, critiquant les analyses « simplistes » de la droite et l’extrême droite qui attribuent les violences à une immigration mal maîtrisée.
Le policier maintenu en détention
À Versailles, la chambre de l’instruction de la cour d’appel a décidé le maintien en détention provisoire du policier auteur du tir sur Nahel, 17 ans, dont la mort, le 27 juin à Nanterre, a embrasé le pays. Ce motard de 38 ans, Florian M., a été mis en examen pour homicide volontaire et écroué le 29 juin. Son maintien en prison est « totalement désespérant » pour lui, a estimé son avocat, Me Laurent-Franck Liénard, évoquant sur BFMTV une nouvelle « cauchemardesque ».
Selon une synthèse de l’enquête obtenue par l’AFP, Florian M. a dit avoir tiré « pour éviter (que l’adolescent) ne renverse quelqu’un ou n’embarque (s)on collègue » en redémarrant son véhicule, arrêté pour un contrôle routier. Il a également nié avoir prononcé « des propos contenant les termes “balle dans la tête” potentiellement audibles » sur la vidéo filmée par une passante.
Cet enregistrement a contredit le premier compte rendu de l’intervention, qui assurait que le policier se trouvait « à l’avant du véhicule » et que Nahel avait « essayé de repartir en fonçant sur le fonctionnaire », selon cette synthèse. La colère causée par la publication de ces images sur les réseaux sociaux s’est répandue comme une traînée de poudre dans de nombreuses villes du pays, causant plusieurs nuits successives de heurts entre émeutiers et forces de l’ordre, incendies de voitures, saccages de bâtiments publics et pillages.
Le retour au calme s’est confirmé dans la nuit de mercredi à jeudi avec 20 arrestations, selon le ministère de l’Intérieur. L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et son pendant pour la gendarmerie, l’IGGN, ont été saisis de 10 enquêtes sur les agissements des forces de l’ordre, selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. L’une de ces enquêtes vise la grave blessure à la tête dont a été victime un jeune homme, dans le coma, à Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), où intervenaient les policiers du Raid le 30 juin.
Des divisions politiques
La mort de Nahel et les violences urbaines qui ont suivi ont jeté une lumière crue sur les maux de la société française, des difficultés des quartiers populaires aux relations houleuses entre jeunes et forces de l’ordre. La classe politique est profondément divisée sur ces sujets.
Sur France 2, Marine Le Pen (RN) a estimé jeudi que ces émeutes ne venaient pas d’un « problème social » ou de la « pauvreté », relevant que « des centaines de milliers » de parents modestes éduquaient « correctement leurs enfants ».
À gauche, La France insoumise (LFI) a appelé, avec d’autres organisations, à des « marches citoyennes » samedi pour réclamer une réforme de la police et un traitement social des banlieues.
Arguant de risques de « troubles à l’ordre public », la préfecture du Val-d’Oise a dit « envisager » l’interdiction de la marche annuelle prévue samedi à la mémoire d’Adama Traoré, un jeune homme noir de 24 ans décédé le 19 juillet 2016 après son arrestation par les gendarmes.