La possibilité de permettre aux femmes de prendre congé pour des règles douloureuses a été retoquée par le Sénat pour qui cela ne se justifie qu’en cas de pathologie supplémentaire.
Quatre sénatrices ont publié leur rapport ce mercredi 28 juin sur une question relevant de la santé des femmes au travail. La possibilité de mettre en place un congé menstruel, suivant le modèle espagnol, pour les femmes souffrant de règles douloureuses, a été étudiée. Mais l’idée n’a pas réussi à obtenir un consensus auprès des sénatrices Laurence Cohen (PCF), Annick Jacquemet (UDI), Marie-Pierre Richer (LR) et Laurence Rossignol (PS). En effet, les trois premières « considèrent que l’instauration d’un dispositif large pour les « règles douloureuses » ne se justifie pas si une pathologie invalidante n’y est pas associée ».
« En tout état de cause, pour ce type de pathologies, la réponse relève, selon elles, d’une réelle prise en charge thérapeutique plutôt que de la mise en place d’un “congé” », explique le rapport. Mme Rossignol estime de son côté « que ce congé, dans des limites qui seraient définies par la loi, répond à un enjeu global de visibilisation des femmes au travail et d’égalité professionnelle ».
L’endométriose au cœur du débat
L’Espagne a été le premier pays européen à voter en février une loi créant un « congé menstruel pour toutes les femmes, sous forme d’arrêt maladie accordé par un médecin, intégralement financé par l’État », relève le rapport. Les quatre rapporteuses se sont en revanche accordées sur le fait d’intégrer l’endométriose à la liste des affections de longue durée (ALD 30), ce qui permettrait de supprimer le délai de carence lié aux arrêts maladie, et donc les pertes financières qui en découlent.
L’endométriose est une maladie chronique féminine qui touche entre 1,5 et 2,5 millions de femmes en France, et qui se traduit par des règles douloureuses, mais aussi parfois des lourdeurs digestives, urinaires, lombaires, dans les jambes… Selon Alice Romerio, autrice d’une étude citée par les sénatrices sur les conséquences de cette maladie sur la vie professionnelle, « l’endométriose affecte sensiblement le quotidien au travail et la carrière professionnelle des femmes qui en sont atteintes ».
Cette proposition est l’une des 23 recommandations émises par ce rapport autour de trois axes : adopter une approche genrée de la santé au travail, développer et adapter la prévention à destination des femmes, mieux prendre en compte la santé sexuelle et reproductive au travail. « Les politiques publiques de prévention et de réparation des risques professionnels ont d’abord été pensées pour des travailleurs masculins et les risques liés aux métiers masculins », souligne la synthèse du rapport. Et si « les hommes sont davantage exposés à des dangers visibles et engageant le pronostic vital », les femmes « sont majoritairement exposées à des risques invisibles et silencieux, liés à une usure physique et psychique ».