Alors que la Première ministre Élisabeth Borne a été confortée par le chef de l’État, elle devrait annoncer un remaniement technique jeudi.
Élisabeth Borne a vu la confiance d’Emmanuel Macron lui être renouvelée tout récemment, mais il lui reste tout de même une carte à jouer pour étoffer ou resserrer l’équipe de ministres autour d’elle, en vue des échéances à la rentrée politique. Ce remaniement devrait finalement intervenir jeudi.
Un conseiller de l’exécutif a dit à l’AFP que l’annonce des changements de ministres aurait lieu jeudi, sans préciser à quel moment de la journée. Un cadre macroniste a lui aussi indiqué que ce serait « sans doute » jeudi, alors que les derniers ajustements étaient en cours. Déjà reporté la veille, le conseil des ministres n’était toujours pas annoncé pour le 20 juillet et pourrait être encore décalé. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a d’ailleurs programmé un déplacement dans le Cher jeudi après-midi.
Des « moments qui ne sont jamais très agréables »
Ce mercredi, les réunions se sont enchaînées, sur la politique nucléaire le matin, la préparation des JO l’après-midi, comme si de rien n’était. Seul indice notable, la Première ministre s’est attardée après la deuxième réunion. Avec sans doute des réglages à arbitrer pour peaufiner la liste des ministres.
Ces tergiversations donnent l’image d’un « bras de fer » entre Emmanuel Macron et Élisabeth Borne « autour d’un remaniement qui n’était pas censé en être un », puisque le président espérait initialement minimiser cette séquence, commente un cadre macroniste.
Le chef de l’État a concédé mercredi soir, lors du traditionnel apéritif de fin de session avec les parlementaires de la majorité, que ministres et majorité vivaient des « moments qui ne sont jamais très agréables ».
« Mais il faut toujours les traverser avec le maximum de calme, d’esprit du collectif et de respect les uns pour les autres », a-t-il lancé, cité par des participants.
Il a aussi appelé son camp à « continuer de ferrailler sur le fond » et à garder son unité face à l’adversité, faute de majorité absolue à l’Assemblée. Avec deux batailles en perspective, une écologique, facteur de « recomposition politique », et l’autre sur l’immigration qu’il ne faut « pas laisser aux oppositions sinon on laissera les extrêmes se nourrir ».
Le sort de Pap Ndiaye scellé ?
En attendant, les ministres guettent avec un brin de nervosité la composition de la future équipe Borne. Le sort de plusieurs d’entre eux, dont Pap Ndiaye, qui n’a jamais vraiment « imprimé » politiquement à l’Éducation nationale, semble scellé. Le ministre du Budget Gabriel Attal, 34 ans, étoile montante de la macronie, est régulièrement cité pour lui succéder, mais toujours sans certitude à ce stade. « Il faut remettre de la politique dans ce ministère. Avec la crise des banlieues, il y a un besoin de retour de l’autorité, de l’ordre à l’école qu’il peut incarner », estime un conseiller.
À la Santé, François Braun, autre représentant de la société civile nommé sur volonté d’Emmanuel Macron, était présent jeudi matin, avec un certain panache, au micro de BFMTV-RMC alors que son départ était donné comme probable la veille. Plusieurs noms, dont celui du député Horizons Frédéric Valletoux, ont même filtré pour lui succéder. A-t-il finalement réussi à sauver son fauteuil ? « Je suis au travail, je suis à ma tâche », « plus que jamais » ministre de la Santé, s’est-il borné à répondre.
Dîner à l’Élysée, apéritif pour marquer la fin d’une session parlementaire particulièrement agitée : les derniers jours ont parfois pu virer au supplice pour les ministres dans l’incertitude.
Quelques « ajustements »
La secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire, Marlène Schiappa, est en revanche, de l’avis de tous, sur le départ après avoir été épinglée pour sa gestion du fonds Marianne. Tout comme le ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe. Il pourrait, selon des sources du camp présidentiel, être remplacé par la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, Aurore Bergé, à moins que le poste ne revienne in fine à la députée du parti présidentiel Astrid Panosyan-Bouvet.
Une seule évidence, selon plusieurs conseillers ministériels, « le président ne veut pas d’un gros remaniement, la Première ministre pousse pour ». Des « ajustements » d’envergure risquent de passer inaperçus en plein milieu des vacances, selon certains, pour qui la manœuvre a surtout pour but de faire sortir des ministres jugés trop faibles sur leur périmètre.