Lors de la visite d’Ursula von der Leyen à Kiev, le président Zelensky a fait passer un message et rappelé qu’il voulait au plus vite adhérer à l’UE.
Le président Volodymyr Zelensky a exhorté mardi l’Union européenne à se décider à ouvrir les négociations sur l’adhésion de l’Ukraine, recevant à Kiev la présidente de la Commission européenne quinze mois après le début de l’invasion russe. « Le moment est venu depuis longtemps de lever cette incertitude politique artificielle dans les relations entre l’Ukraine et l’UE. Le moment est venu de prendre une décision positive concernant l’ouverture des négociations sur l’adhésion », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec Ursula von der Leyen.
Lors de cette déclaration commune, Zelensky a adressé plusieurs messages à la présidente de la Commission européenne, lui demandant notamment d’accélérer les livraisons de munitions à l’Ukraine et de lever les restrictions européennes « inacceptables » et « cruelles » sur les exportations céréalières ukrainiennes.
S’agissant des munitions d’artillerie, Volodymyr Zelensky a remercié Ursula von der Leyen pour la décision européenne de fournir « un million d’obus », mais a insisté sur la nécessité de livrer plus vite. « On en a déjà besoin sur le champ de bataille », a-t-il insisté.
S’agissant des céréales ukrainiennes, il a remis sur la table le sujet de restrictions européennes sur les exportations. « Toute restriction sur nos exportations est absolument inacceptable maintenant parce qu’elle renforce les capacités de l’agresseur » russe, a fustigé Zelensky face aux journalistes. « Nous attendons de l’UE la suppression de toutes les restrictions le plus vite possible », a-t-il continué, jugeant ces « mesures protectionnistes sévères, voire cruelles ». « En temps de guerre, [elles] ne peuvent que décevoir », a-t-il encore cinglé, visant ainsi les cinq pays concernés – Pologne, Slovaquie, Hongrie, Bulgarie, Roumanie.
Bruxelles en juge de paix ?
Depuis plusieurs semaines, le ton est monté entre, d’un côté, Kiev, et d’un autre ces États, avec Bruxelles en juge de paix. Les Vingt-Sept avaient suspendu en mai 2022, pour un an, les droits de douane sur les denrées ukrainiennes et s’étaient organisés pour permettre à Kiev d’exporter ses céréales, l’invasion du pays par la Russie paralysant les itinéraires habituels par la mer Noire. Conséquence : les États de l’UE voisins avaient vu massivement augmenter les arrivées d’Ukraine, provoquant la saturation des silos faute de moyens logistiques appropriés et faisant chuter les prix, de quoi déstabiliser les cultivateurs locaux.
La Pologne, rapidement imitée par d’autres pays européens, avait unilatéralement banni mi-avril les céréales et d’autres produits agricoles venus d’Ukraine, disant vouloir protéger ses agriculteurs. Une situation que Bruxelles avait jugé « inacceptable » en pleine guerre en Ukraine.
Malgré ces tensions, la Commission européenne est parvenue fin avril à un accord entre toutes les parties concernées pour garantir le transit des céréales ukrainiennes, notamment à destination des pays tiers, un point crucial pour Kiev, soucieux de pouvoir continuer à exporter sa production. Aux côtés de Zelensky, Ursula von der Leyen a, elle, jugé « difficile » la situation. « La priorité immédiate est maintenant que le transit des céréales se déroule de manière transparente et à un prix le plus bas possible en dehors de l’Ukraine vers l’UE », a-t-elle affirmé. « Cela nécessite une coopération très étroite des différentes parties prenantes », a continué von der Leyen, annonçant la mise en place d’une « plateforme de coordination ».