Deux corps sans vie ont été retrouvés par les pompiers dans la nuit après l’effondrement du 17, rue de Tivoli. 186 personnes ont été évacuées.
Drame à Marseille. Dans la nuit du samedi 8 au dimanche 9 avril, un bâtiment s’est effondré dans le centre-ville de la cité phocéenne. 24 heures après les faits, « deux corps sans vie » ont été retrouvés dans la nuit de dimanche à lundi dans les décombres de l’immeuble soufflé par une explosion à Marseille, dans le sud de la France ont annoncé les pompiers.
« Compte tenu des difficultés particulières d’intervention, l’extraction (des corps du site) prendra du temps », ont précisé les pompiers dans un bref communiqué, confirmant une information du journal La Provence et de la chaîne BFMTV. « L’autorité judiciaire pourra procéder ensuite à l’identification » de ces victimes, poursuit le texte. « Un point de situation sera fait en début de matinée », conclut le communiqué.
Que s’est-il passé ?
Un peu avant 0 h 50, ce dimanche 9 avril, une explosion retentit au 17, rue de Tivoli, dans le 5e arrondissement de Marseille. Le bâtiment s’effondre, fragilisant grandement la sécurité des bâtiments du quartier de la Plaine. Une trentaine d’immeubles sont concernés par les évacuations, pour des raisons de sécurité, et d’autres immeubles sont susceptibles de s’effondrer, notamment le 19 de la rue de Tivoli, qui a été partiellement entraîné dans la chute du bâtiment voisin, cette nuit. Le numéro 15 de cette même rue s’est, lui aussi, partiellement effondré.
Immeuble effondré à Marseille : « Il y avait du verre, de la fumée et de la poussière partout
En fin de journée, il était toujours « impossible d’indiquer quelles sont les causes de [l’]explosition », a indiqué Dominique Laurens, la procureure de la République de Marseille. Selon elle, l’expert judiciaire n’a pas encore pu accéder au site, encore très dangereux et où les secours continuent les opérations de recherche. Mais comme indiqué plus tôt par Christophe Mirmand, préfet de la région des Bouches-du-Rhône, « le gaz fait partie, bien évidemment, des pistes ». Une enquête est ouverte pour déterminer les causes du sinistre.
Une intervention des secours compliquée
Très rapidement, les secours se sont organisés. « Nous avons une centaine d’hommes sur le terrain, la priorité est bien évidemment d’éteindre l’incendie et de déblayer les décombres pour retrouver des personnes éventuellement coincées sous les décombres », a indiqué le commandant des marins-pompiers, le vice-amiral Lionel Mathieu.
Toute la journée, les pompiers ont mené une course contre la montre pour éteindre un incendie sous les gravats qui empêche chiens et secouristes de rechercher d’éventuels survivants. En fin de journée, il n’était toujours pas maîtrisé. « Les déblaiements se poursuivent avec toujours des poches très chaudes, et les fumées continuent à sortir des gravats », a indiqué Dominique Laurens.
De nombreux personnels de secours (marins-pompiers, policiers, personnels de la sécurité publique) ont été a pied d’œuvre toute la journée, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse. L’ensemble du secteur autour de l’immeuble, dans le quartier de La Plaine, est toujours bouclé avec plusieurs rues fermées.
Au moins huit personnes portées disparues
Selon la procureure de la République, huit personnes « ne répondent pas aux appels au 17 rue de Tivoli et sur un rez-de-jardin qui fait la jonction entre les (numéros) 15 et 17 (…) ». Elles étaient toujours recherchées en fin d’après-midi. « Dans l’immeuble du 17, il s’agit de personnes d’un certain âge et d’un jeune couple d’une trentaine d’années. Selon les infos transmises, il n’y pas d’enfants ou de mineurs », a-t-elle précisé.
Une neuvième personne « serait actuellement recherchée au niveau du 19, rue de Tivoli ». « C’est une information qui n’est pas encore confirmée. Mais une dame s’est présentée et nous dit être sans nouvelles de son ex-conjoint qui vit au 19 », a-t-elle expliqué. Les personnes considérées disparues ont été identifiées grâce à des proches qui n’arrivent pas à les joindre.
Cinq personnes, résidentes des bâtiments voisins du 17, ont été blessées, mais « aucune n’est entre la vie et la mort », avait auparavant annoncé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, venu sur place en fin de matinée. Deux d’entre elles se trouvaient dans l’immeuble en face et ont été touchées par l’effet de blast, a précisé Dominique Laurens. « Neuf personnes sont [sorties] indemnes, dont deux enfants », avait précisé, en milieu de journée, Benoît Payan, le maire de Marseille.
Une trentaine d’immeubles ont été évacués, par précaution. Au total, 186 habitants de la rue ont été accueillis dans une école.
La terrible déflagration et les effondrements d’immeubles qui ont touché Marseille ce matin mobilisent pleinement l’État, @marseille et @departement13. Les marins-pompiers sont à l’œuvre dans des conditions très périlleuses pour circonscrire l’incendie qui touche les décombres. pic.twitter.com/9oxilpPx6M
Vive émotion après l’effondrement
Au moment de l’explosion « tout a tremblé, on voyait les gens courir et il y avait de la fumée partout, l’immeuble est tombé sur la rue », a dit à l’Agence France-Presse Aziz, qui tient un commerce d’alimentation nocturne dans la rue où l’immeuble s’est effondré. « On a très vite senti une forte odeur de gaz, qui est restée et qu’on a encore sentie ce matin », a indiqué à l’AFP Savera Mosnier, une habitante d’une rue proche.
Arnaud Dupleix, président de l’association des parents d’élèves de l’école élémentaire Tivoli toute proche et qui organise un réseau d’entraide pour ceux qui ont dû quitter leur logement, a fait part de « l’angoisse » qui règne « chez les familles du quartier ».
« Il faut que l’on se prépare à avoir des victimes dans ce terrible drame », a déclaré Benoit Payan, l’édile phocéen, qui dit garder un « petit espoir » de retrouver des personnes sous les décombres.
Pour lui, « faire le parallèle (avec la rue d’Aubagne, NDLR) est irresponsable […]. Rien ne nous permet de penser qu’on est dans une symétrie », a-t-il insisté. En novembre 2018, l’effondrement, rue d’Aubagne, de deux immeubles, avait fait huit morts et suscité une vague d’indignation contre le mal-logement dans cette ville où 40 000 personnes vivent dans des taudis, selon des ONG.
Autant le maire que le préfet ont semblé écarter une insalubrité de l’immeuble dans un quartier plutôt connu pour ses restaurants, bars et son ambiance nocturne. « Il n’y avait pas d’arrêté de péril pour ce bâtiment et ce n’est pas un quartier recensé comme ayant de l’habitat insalubre », a indiqué le préfet. En fin de conférence de presse, la procureure de la République a confirmé qu’aucun des trois immeubles détruits par l’explosion ne faisait l’objet d’un arrêté de péril. « Ce ne sont pas du tout des immeubles insalubres ».
Le président de la République, Emmanuel Macron a également réagi sur Twitter. « Je pense aux personnes touchées et à leurs proches. Les recherches se poursuivent avec d’importants moyens déployés ». Il a tenu à souligner l’investissement des autorités sur place. « Merci aux pompiers et aux secours mobilisés. »
Émotion avec Marseille, où un immeuble de la rue Tivoli s’est effondré cette nuit. Je pense aux personnes touchées et à leurs proches. Les recherches se poursuivent avec d’importants moyens déployés. Merci aux pompiers et aux secours mobilisés.