Parmi eux, 28 % des sympathisants de gauche disent avoir déjà voté pour le Rassemblement national, selon une étude Ifop-Fiducial pour le « JDD » et Sud Radio.
Seulement 23 % des personnes interrogees attribuent une stature presidentielle a Marine Le Pen.
Seulement 23 % des personnes interrogées attribuent une stature présidentielle à Marine Le Pen.
Un chiffre en hausse. Selon une étude Ifop-Fiducial pour Le Journal du dimanche et Sud Radio, plus de quatre Français sur dix ont voté au moins une fois pour le Rassemblement national. Cette étude pointe la dédiabolisation du parti, mais aussi l’absence d’une incarnation susceptible de remporter la présidentielle.
Selon cette vaste enquête, 42 % des Français disent avoir voté au moins une fois pour le RN dans leur vie. Ils étaient 35 % en 2021 et 30 % en 2017, signe d’un ancrage continu du parti d’extrême droite.
À la présidentielle de 2022, la candidate du RN, Marine Le Pen, avait certes obtenu près de 41,5 % des suffrages face à Emmanuel Macron. Mais en raison de la forte abstention, ce score ne représente en réalité que 27,26 % des inscrits, soit un peu plus d’un Français sur quatre.
Exprimer son mécontentement
Parmi les personnes ayant déjà glissé un bulletin RN, les ouvriers (57 %) et les catégories pauvres (51 %) sont surreprésentés. Plus surprenant, 28 % des sympathisants de gauche, ou encore 27 % des personnes ayant choisi Jean-Luc Mélenchon en 2022, disent avoir déjà voté RN.
L’étude souligne que la volonté d’exprimer son mécontentement reste le principal ressort du vote RN (24 %), plus que l’adhésion au constat que fait le parti sur l’état du pays (15 %).
Le vote RN s’inscrit davantage en rejet des autres partis (pour 61 % des électeurs) qu’en adhésion au parti (39 %). Une tendance stable depuis 2017, après une forte progression de l’adhésion par rapport à 1997 (13 %).
Parmi ces électeurs, ils sont 92 % à trouver la justice trop laxiste (85 % sur l’ensemble des Français interrogés), 86 % à penser que la France est un pays de culture chrétienne (contre 82 %) ou encore 92 % à affirmer que le pays est en déclin (contre 77 %). Ils sont aussi 86 % à croire que la démocratie est la seule forme de gouvernement acceptable (contre 89 % sur l’ensemble) et 74 % à juger normal que les couples homosexuels puissent se marier (contre 78 %). 69 % sont pour le rétablissement de la peine de mort, un chiffre qui tombe à 50 % chez l’ensemble des personnes interrogées.
Signe d’une tendance à la dédiabolisation de l’image du parti, 59 % des personnes interrogées qualifient le RN de parti raciste, un chiffre en net recul depuis 2017 (68 %). 55 % pensent qu’il est dangereux pour la démocratie, contre 62 %, il y a 6 ans.
Inversement, ils sont 50 % à dire qu’il a une vision d’avenir pour la France, contre 40 % en 2017. Et 47 % le croient capable de gouverner la France, contre 39 %, il y a 6 ans.
La faible stature présidentielle de Marine Le Pen
Dans le champ politique, La France insoumise inquiète plus que le RN (28 contre 21 % des personnes interrogées) et le RN est davantage considéré comme proche des préoccupations des gens (30 % contre 18 %) que la formation de Jean-Luc Mélenchon.
L’enquête met aussi en avant les limites de Marine Le Pen, triple candidate malheureuse à la présidentielle : seulement 23 % lui attribuent une stature présidentielle. Au total, 41 % des personnes interrogées souhaitent la victoire de Marine Le Pen en 2027, mais seulement 37 % pronostiquent son succès.
Son élection serait vue comme un saut dans l’inconnu pour 73 % des personnes interrogées. 72 % anticipent des émeutes dans les banlieues et 69 % des manifestations massives.
Parmi les éventuelles alternatives à Marine Le Pen, l’actuel président du parti, Jordan Bardella, paraît le mieux placé, mais reste minoritaire dans l’opinion : 30 % des personnes interrogées seraient prêtes à voter pour lui à la prochaine présidentielle, loin devant le député Sébastien Chenu (12 %).
Enquête réalisée sur Internet du 12 au 15 juin auprès de 1 314 personnes ayant déjà voté RN, extraites d’un échantillon de 3 008 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas, avec une marge d’erreur comprise entre 1,4 et 3,1 points.