La proposition doit être examinée à l’Assemblée nationale le 8 juin, deux jours après une 14e journée de grèves et de manifestations contre la réforme.
Élisabeth Borne a jugé « inconstitutionnelle » la proposition de loi portée par le groupe parlementaire indépendant Liot visant à abroger la réforme des retraites. La Première ministre s’exprimait à l’issue d’une rencontre avec les syndicats à Matignon, ce mercredi 17 mai.
« Il est assez irresponsable de la part d’un groupe parlementaire de laisser croire qu’on peut présenter une proposition de loi qui supprime 18 milliards (d’euros) de ressources et que cette proposition de loi pourrait prospérer », a affirmé la Première ministre.
« Il y a des règles sur les propositions de loi qu’on peut présenter : […] c’est de ne pas alourdir les dépenses et de ne pas réduire les recettes », a-t-elle fait valoir, semblant rejoindre le souhait des groupes de la majorité (Renaissance, MoDem, Horizons) de recourir à l’article 40 de la Constitution qui permet de soulever l’irrecevabilité financière du texte.
« C’est quelque part un miroir aux alouettes. On fait croire aux salariés qu’ils auraient une possibilité de débouché », a-t-elle estimé. « Cette proposition d’abrogation est inconstitutionnelle. Je pense qu’il faut chacun en soit conscient et que chacun prenne ses responsabilités en conséquence », a ajouté la cheffe du gouvernement.
La CGT refuse un entretien multilatéral
Les syndicats, reçus mardi et mercredi à Matignon, ont redit leur soutien à la proposition de Liot, qui doit être examinée à l’Assemblée nationale le 8 juin, deux jours après une 14e journée de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites.
Empêcher l’examen du texte de Liot « serait inacceptable », a affirmé mardi soir le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, tandis que Sophie Binet pour la CGT a jugé mercredi sur France Inter qu’il serait « gravissime que les députés soient encore une fois empêchés de voter sur cette réforme ».
Reçue par Élisabeth Borne, la cheffe de file de la CGT a par ailleurs refusé la possibilité d’un entretien multilatéral entre les syndicats et Emmanuel Macron ou la Première ministre sur le calendrier social. Elle a expliqué ne pas y voir d’ « utilité s’il n’y avait pas d’annonces concrètes sur la question du retrait de la réforme des retraites ou de la hausse des salaires ».