Un accord a été trouvé à l’issue d’une difficile journée sur une réforme du système d’asile européen lors d’une réunion cruciale des 27 à Luxembourg.
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Les ministres européens de l’Intérieur ont trouvé jeudi un accord sur les deux principaux volets d’une réforme du système d’asile, au terme d’une journée de difficiles négociations, a annoncé la ministre suédoise chargée des Migrations, Maria Malmer Stenergard. Cet accord ouvre la voie à des pourparlers avec le Parlement européen, en vue d’une adoption de la réforme avant les élections européennes de juin 2024.
Difficiles négociations car une dizaine de pays, dont l’Italie, ont d’abord refusé de soutenir la proposition. « Nous avons un problème à soutenir le texte », a déclaré le ministre italien Matteo Piantedosi lors d’un tour de table public.
Les ministres de l’Intérieur se sont engagés jeudi dans de complexes discussions sur la réforme du système d’asile, lors d’une réunion que le Français Gérald Darmanin a dû quitter précipitamment à la suite de l’attaque au couteau à Annecy.
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La question de la réforme du système d’asile est revenue en haut de l’agenda, avec une hausse des arrivées de migrants dans l’Union européenne depuis la fin de la pandémie et alors que quelque quatre millions d’Ukrainiens sont réfugiés dans l’UE. La tendance est à une politique migratoire de plus en plus restrictive, dans un contexte où l’extrême droite a engrangé récemment des succès électoraux dans plusieurs pays membres.
« Doutes » italiens
La Suède, pays exerçant la présidence semestrielle du Conseil de l’UE, a soumis des propositions de compromis sur deux textes clés du Pacte migratoire.
L’un prévoit une solidarité européenne obligatoire mais « flexible ». Les États membres seraient tenus d’accueillir un certain nombre de demandeurs d’asile arrivés dans un pays de l’UE soumis à une pression migratoire, ou à défaut d’apporter une contribution financière à ce pays. Les discussions portent sur une compensation financière de l’ordre de 20 000 euros pour chaque demandeur d’asile non relocalisé, d’après plusieurs sources diplomatiques.
Une tentative de trouver un équilibre entre les pays méditerranéens de première arrivée, qui souhaiteraient des relocalisations automatiques vers d’autres pays, et ceux comme la Hongrie ou la Pologne qui refusent de se voir imposer des demandeurs d’asile.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a estimé que l’Italie et la Grèce notamment affrontaient « un défi énorme » avec les arrivées croissantes à leurs frontières. « Nous ne pouvons pas laisser seuls » ces pays, a-t-il souligné dans une interview au Corriere Della Sera à l’occasion d’un déplacement à Rome.
« Esprit de compromis »
L’autre texte contraint les États membres à mettre en œuvre une procédure accélérée d’examen, dans des centres situés aux frontières, pour les demandes d’asile ayant statistiquement le moins de chances d’aboutir au statut de réfugié. Objectif : faciliter le renvoi de ces migrants vers leur pays d’origine ou de transit.
Dans la matinée, avant d’être remplacé à la réunion par l’ambassadeur français, Gérald Darmanin a fait part de son « esprit de compromis » concernant les propositions sur la table. « Tout cela n’est pas parfait mais c’est en faisant ce compromis que nous arriverons à être plus efficaces et surtout à faire vivre l’Union européenne », a-t-il déclaré.