Le pays avec le plus fort taux d’incarcération en Amérique du Sud va proposer une nouvelle prison avec un espace dédié aux personnes transgenre.
Avec le plus fort taux d’incarcération par habitant en Amérique du Sud, l’Uruguay a dû se résoudre à construire de nouvelles prisons. L’une d’entre elles propose de créer un nouvel espace, uniquement réservé aux personnes transgenres. Cette « innovation » a été annoncée ce vendredi 28 juillet par les autorités uruguayennes.
« Dans le cadre d’une nouvelle prison en projet à Montevideo, il y aura un secteur spécifique pour la population transgenre », a déclaré à l’AFP Juan Miguel Petit, le député chargé des questions liées au système pénitentiaire. « C’est une bonne nouvelle pour une population très vulnérable qui requiert une énorme attention », a-t-il ajouté.
0,4 % de la population uruguayenne est en prison
M. Petit pense que la nouvelle prison pourrait être prête en moins de deux ans. En Uruguay, un pays d’environ 3,5 millions d’habitants, quatre personnes sur mille sont derrière les barreaux et le nombre des prisonniers dépasse la capacité disponible dans les 26 établissements pénitentiaires.
L’Uruguay compte actuellement 14 965 détenus, 13 855 hommes et 1 110 femmes. Il y a au total 28 femmes transgenres et neuf hommes transgenres dans ces prisons, selon les services de M. Petit. La prison pour femmes dont la construction « va bientôt commencer à Punta de Rieles », à environ 15 km du centre de la capitale Montevideo, « a une particularité qui n’a jamais été prise en compte, la population transgenre », a de son côté déclaré le directeur de l’Institut national de Rééducation (INR), Luis Mendoza.
« Si la personne transgenre entre dans le système (pénitentiaire), elle a le droit de décider si elle veut aller dans une prison pour hommes ou pour femmes », a-t-il déclaré au cours d’une audition parlementaire mercredi, selon une transcription publiée ultérieurement. M. Mendoza a expliqué que les femmes transgenres étaient actuellement placées dans des établissements pour femmes, mais que vivre ensemble impliquait « tout un processus » d’adaptation.
De son point de vue, si l’État uruguayen reconnaît les femmes transgenres et leur accorde des documents d’identité appropriés, le système pénitentiaire doit leur donner « une place dans des lieux réservés aux femmes, le cas échéant ». « Les lois sont très avancées en Uruguay, mais la mentalité et les infrastructures ne sont pas au diapason », a-t-il déploré.