La lutte entre les grandes puissances pour la domination de l’intelligence artificielle a évolué d’un enjeu technique à un enjeu politique. Sam Altman, le PDG d’OpenAI, a exprimé ses préoccupations ces derniers mois, plaidant avec force pour que les États-Unis prennent les devants dans ce secteur.
Il ne s’agit pas uniquement de déterminer qui développe la technologie la plus avancée, mais aussi de savoir qui établira les normes à l’échelle mondiale et si les valeurs démocratiques ou autoritaires prévaudront dans l’avenir technologique. Comme le montre ce clip sur Instagram, les enjeux liés à l’IA dépassent largement la simple question de la vente de produits ou de services ; il s’agit de savoir qui dominera la scène internationale.
Altman ne cache pas son inquiétude : si la Chine parvient à surpasser les États-Unis dans cette compétition, Washington pourrait voir son statut de leader menacé, et le développement technologique pourrait être influencé par des valeurs très différentes de celles de l’Occident.
Altman expose sa stratégie pour préserver la suprématie américaine
La stratégie d’Altman pour maintenir les États-Unis à la pointe repose sur quatre axes : protéger les infrastructures numériques du pays contre les cyberattaques, développer massivement des centres de données et des installations énergétiques, restreindre l’accès à la technologie par des contrôles à l’exportation, et établir un “gardien mondial” pour surveiller l’évolution de l’IA à l’échelle internationale. À travers ces propositions, Altman souligne clairement qu’il considère l’IA comme un atout national aussi crucial que le pétrole ou les bases militaires qui ont façonné le pouvoir au XXe siècle.
Il ne s’agit pas de simples déclarations sans fondement. OpenAI a déjà mis fin à son exclusivité avec Microsoft pour élargir ses possibilités, bien que Redmond demeure un partenaire clé jusqu’en 2030. Cette décision fait partie du projet Stargate, une initiative colossale dans laquelle les États-Unis investiront 500 milliards de dollars pour se positionner en tête dans le domaine de l’intelligence artificielle et rivaliser avec la Chine grâce à de nouvelles infrastructures technologiques.
De plus, Altman ne se laisse pas emporter par des illusions. Le dernier rapport de Stanford sur l’IA révèle que la Chine est en train de rattraper les États-Unis : leurs modèles d’IA approchent presque ceux des Américains lors des évaluations techniques, tandis qu’en matière de publications scientifiques et de brevets, ils les ont déjà surpassés. En réponse, OpenAI a lancé ChatGPT Gov, une version renforcée destinée aux agences gouvernementales, affirmant ainsi son ambition de devenir le bras technologique de Washington.
Le dirigeant d’OpenAI a parfois franchi les limites avec ses commentaires, notamment en critiquant des concurrents étrangers. L’exemple le plus marquant est celui de DeepSeek, une entreprise chinoise qui lui a rappelé la réalité après ses remarques désobligeantes, en prouvant qu’elle pouvait développer un modèle similaire à ChatGPT à un coût bien inférieur, contredisant ainsi sa théorie de “l’avantage inégalé” des États-Unis.
La rhétorique de M. Altman suscite des opinions divergentes. Certains estiment que ses propositions visent à permettre à un petit groupe de géants technologiques de s’approprier l’ensemble des ressources, au lieu de promouvoir une coopération plus étroite entre les nations. D’autres remettent en question l’efficacité des restrictions sur les ventes de puces à destination de la Chine, craignant qu’elles ne fassent que ralentir temporairement le développement de ce pays, qui finira par tracer son propre chemin.
Parallèlement, au Capitole, un consensus semble se dessiner : tant les républicains que les démocrates considèrent l’intelligence artificielle comme une priorité nationale, dépassant les divisions politiques. Les grandes entreprises technologiques ne restent pas inactives et investissent également : Microsoft a annoncé un investissement de 80 milliards de dollars dans des centres de données d’ici 2025, dont la majorité sera réalisée sur le territoire américain.
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