Aux États-Unis, l’incitation à acheter une voiture électrique, c’était pas rien : jusqu’à 7 500 dollars d’aide, soit près de 6 500 euros. Un vrai levier pour faire décoller les ventes sur le marché américain, qui reste, en dépit de la concurrence chinoise ou européenne, le terrain de jeu favori de Tesla.
Après avoir lancé le modèle YL en Chine, la marque d’Elon Musk doit désormais se recentrer sur l’Amérique du Nord, un marché certes stratégique… mais aussi de plus en plus incertain. Pourquoi incertain ? Eh bien, Donald Trump ne cache pas son intention de bouleverser les règles du jeu avec son «Big Beautiful Bill».
«Big Beautiful Bill», un nom qui fait sourire, mais une proposition qui inquiète sérieusement l’industrie de la voiture électrique. Si ce texte passe, fini les aides gouvernementales à l’achat d’un véhicule électrique. Pour Tesla et ses concurrents, c’est une perte sèche : ces incitations gonflaient artificiellement la demande et rassuraient les investisseurs sur la croissance du secteur.
Et ce n’est pas tout. La vraie bombe, c’est l’idée de supprimer aussi les amendes pour non-respect des normes CAFE (Corporate Average Fuel Economy). Aux États-Unis, comme en Europe, ces normes obligent les constructeurs à réduire leurs émissions de CO2.
Ceux qui dépassent les seuils paient cher… sauf s’ils achètent des « crédits réglementaires » auprès de constructeurs plus vertueux. C’est là que Tesla a su tirer son épingle du jeu : produisant uniquement des voitures électriques, la marque a accumulé des crédits qu’elle revend ensuite à d’autres groupes, qui eux, peinent à être dans les clous.
On parle ici d’un business parallèle énorme. Sur les dix dernières années, Tesla aurait engrangé près de 12 milliards de dollars rien qu’en vendant ces crédits, selon Razão Automóvel. C’est parfois plus rentable que la vente de voitures elles-mêmes ! Les investisseurs savent que ce flux de revenus est stratégique, surtout quand le marché du véhicule électrique ralentit : moins d’acheteurs, mais toujours des constructeurs qui doivent acheter des crédits pour éviter la sanction.
Le problème, c’est que si Trump arrive à faire passer ce fameux « Big Beautiful Bill », tout le modèle économique de Tesla est fragilisé. Non seulement la demande risque de chuter sans les primes à l’achat, mais en plus, la manne des crédits réglementaires pourrait disparaître du jour au lendemain. L’entreprise perdrait alors une source de trésorerie essentielle, à un moment où la concurrence s’intensifie et où les coûts de production augmentent.
En clair, la stratégie de Tesla va devoir évoluer, et vite. Sans ces revenus annexes, la rentabilité devient un vrai défi. Il faudra repenser l’offre, peut-être accélérer la baisse des coûts ou miser sur de nouveaux marchés.
Pour Elon Musk, c’est un vrai test de résilience : il ne s’agit plus seulement d’innover, mais de prouver que Tesla peut survivre et prospérer dans un environnement sans filet de sécurité. Le prochain chapitre s’annonce décisif, non seulement pour la marque, mais pour tout le secteur de l’électrique aux États-Unis.

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